Directrice artistique, autrice et éditrice.
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Textes

 

Tomek & Saeio - Honte

Article publié en octobre 2015 sur Hashtagart


Duo show de Tomek & Saeio, Hors les Murs Marseille

 

Samedi 21 novembre 2015, à Marseille. Au cœur d’un Panier balayé par le mistral, la Galerie Association d’idées présentait, sous le commissariat de Laura Morsch-Kihn, les deux peintres autodidactes Tomek et Saeio, lors du vernissage de l’exposition « Honte ». Deux esprits déliés appartenant au « PAL » crew, rattachés par la même volonté d’aborder autrement le graffiti, d’en déjouer les codes pour mieux le transcender.

Résultat, « un genre de tag bien léché », qui s’introduit comme un dérivé de la culture urbaine au sein des institutions artistiques.

 

Le duo show est mis en scène au n°20 de la rue Saint-Antoine, où se tient le QG de Marseille Expos : « Hors Les Murs », lieu d’exposition dont les initiales « HLM » retentissent comme un présage de l’échange qui va se jouer entre art urbain et art contemporain. Brut de bois et de ciment, l’espace dans lequel s’engouffre l’énergie du graffiti en tant que peinture sauvage, accueille un public hétérogène, entre habitués, collectionneurs avertis et jeunes lookés aux revers entachés de peinture.

 

Autour d’eux, comme jetées instinctivement dans l’espace, six toiles surdimensionnées s’imposent, se juxtaposent, se superposent, comme autant de murs dressés.

Au centre de la salle, une lignée d’écrans aux allures de Minitel dévoilent le processus de création : chaque œuvre émane d’une contrainte à laquelle se sont confrontés les deux peintres pour graffer : « nous avons cherché à cristalliser les moments d’impasse et d’échec de notre pratique picturale liée à la nature contraignante de notre support – vivant – qui est la ville ». Le vent, la pluie, le temps, l’espace… A travers cette intention de recréer librement l’esprit du tag et de sa pratique transgressive, le geste prend le pas sur le résultat plastique, accouchant d’une esthétique abstraite et conceptuelle.

Au mur, une note succincte format A4 nous invite à « feuilleter », toucher, déplacer les toiles sans complexe, et finit de nous instruire sur cette démarche subversive, instaurant une réelle proximité entre les œuvres et leur public.

 

Entre volonté de se donner un cadre en extérieur et de décloisonner l’espace en intérieur, « Honte » élève ainsi la pratique du graffiti avec justesse et humilité, allant jusqu’à l’inscrire dans une « nouvelle forme d’écriture contemporaine ».

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