La matière couleur

 LA MATIERE COULEUR

Entre 2007 et 2017, mon sens esthétique s’est construit autour des notions de sobriété, de minimalisme, d’austérité presque, en tout cas de discrétion. A son origine, un livre encore une fois : intitulé Minimum, de l’architecte John Pawson. La couleur était honnie de mes projets artistiques, ce qui me permettait alors de me concentrer davantage sur la matière et les lignes. Mais un jour, le gout de la couleur m’est revenu de façon fulgurante, et ce fut à travers l’oeuvre de l’artiste Caroline Denerveau. Elle avait une façon bien à elle de lui donner naissance, avec une recette de peinture à tempera qui fait vibrer le pigment sur le papier. Et puis, elle dansait en même temps. Alors sont revenues à moi toutes les couleurs vivantes de mon enfance, celles de la Provence, depuis l’arrière-pays jusqu’au bord de mer, les prairies ensauvagées au printemps, les sets de table imprimés d’ indiennes, les fruitiers des vergers et les peintures de mon grand-père. Mon horizon pictural a basculé, et mon attention pour la forme s’est redéfinie autour de ce dialogue infini qu’entretiennent le geste et la couleur. J’ai rejoins Poliakoff, « il ne faut pas oublier que chaque forme a deux couleurs : l’une intérieure, l’autre extérieure » et je n’ai plus quitté le rose, le vert, le rouge et le violet, en dessin, en peinture, dans mon jardin ou dans mes rêves.